Loading Book...

Introduction

 

Alors que les unes de journaux débordent de cadavres résultant tant des conquêtes fulgurantes de EI (EIIL) en Irak et en Syrie que des bombardements à Gaza, beaucoup d’encre coule sur le côté émotionnel de ces conflits et très peu sur les problèmes de fonds, et virtuellement personne ne mentionne leur commonalité d’intention, ni comment les replacer dans un contexte historique.

 

Quelle que soit l’issue de la guerre qui a fait rage à Gaza cet été 2014, tnat sur le terrain que dans la presse, le grand vainqueur ne se trouve ni en Israël, ni en Palestine. Il sévit en Irak et en Syrie sous le nom de plus en plus tristement connu de Eiil (Etat Islamique d’Irak et du Levant), rebaptisé EI (Etat Islamique) en juin 2014. Pour comprendre comment l’Occident est resté muet si longtemps devant les massacres se déroulant en Irak, tant les massacres des Chrétiens d’Orient que de tous ceux qui ont la témérité de s’opposer aux édits de l’EI (ancienne EIIL), il faut comprendre d’une part quels sont les éléments communs à EIIL, le Hamas et autres groupes suivant la ligne des Frères Musulmans, et d’autre part ce qu’est la Taqiyya et l’usage qui en est fait pour le Djihad.

Ce court ouvrage donne un aperçu des principaux groupes djihadistes actifs en 2014,  de leurs origines et de leur répartition géographique en fonction de leur appartenance sunnite ou chiite, ainsi que quelques éléments de l’Islam couramment utilisés par les djihadistes, tant sunnites que chiites, pour justifier leurs actes.

 

1ere partie : Les Frères Musulmans, Le Califat et la naissance du Djihadisme

 

Tout d’abord, il faut rappeler que le rêve contemporain d’établir un Califat islamique à l’échelle planétaire remonte aux Frères Musulmans, créés en Egypte en 1928 et dont le but, depuis 1933, est de créer ce Califat islamique mondial. Depuis sa création, la Confrérie des Frères Musulmans garde jalousement le secret sur les multiples ramifications du réseau d’organisations qui bénéficient de ses conseils ou de son soutien.

Aujourd’hui, si certaines organisations reconnaissent ouvertement leur affiliation aux Frères, ce réseau d’associations, organisations, groupes et groupuscules reliés à eux est d’une complexité considérable, à laquelle s’ajoutent la dissimulation  et le devoir de duplicité conforme à la Taqiyya (voir chapitre concernant la Taqiyya).

Les déclarations des Frères musulmans quant à la totale indépendance d’action de tous les groupes se réclamant de leur inspiration sont mises en doute par NomanBenotman, un Libyen membre repenti d’Al Qaeda et aujourd’hui expert réputé en contre-terrorisme. Benotman assure qu’aucune nomination dans aucun de ces groupes ne se fait sans l’aval du bureau politique central de la confrérie, le Bureau de la guidance.

Un des secrets de la durabilité et de l’expansion des Frères Musulmans en Egypte et dans le monde est l’application de la Sadaqa – ou obligation de pratiquer la charité – sous forme de réseau caritatif là où ils s’implantent. Cesdivers réseaux caritatifs réservent leurs services aux membres de l’Umma (Nation islamique ou, en d’autres termes, réservée aux Musulmans). Ils opèrent ouvertement dans le monde entier, et servent occasionnellement de véhicule pour des messages politiques tels que la nécessité d’infiltrer les terres infidèles pour y répandre le Coran. Dans la logique djihadiste, ce message est un message caritatif.En effet, faute d’adopter le message du Coran après y être exposé pacifiquement, les infidèles devront faire face au djihad agressif. Convertirles incroyants est donc non seulement une obligation islamique, c’est aussi une mesure préventive pour leur éviter les souffrances que le djihad agressif amènerait sur leurs têtes. Par ailleurs, certains de ces réseaux caritatifs ont été accusés de passer des armes en contrebande à des groupes djihadistes, dont Al Qaeda et le Hamas.

Mais revenons-en à l’Histoire de l’évolution et de la croissance lente mais certaine des Frères Musulmans dans le monde entier et à ses liens, reconnus ou non, avec les deux têtes de ponts islamiste les plus ostensibles en 2014, le Hamas et L’EI (Etat Islamique, ancien EIIL, Etat Islamique de l’Irak et du Levant, ancien Al Qaeda en Irak, ancien Tawhid).

 

Naissance de la Confrérie des Frères Musulmans

 

Hassan al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans, naquit en 1906 dans le delta du Nil dans une famille dévote imposant un strict respect des règles coraniques sunnites. Les échos de la seconde guerre mondiale bercent son enfance, et ses conséquences géographiques pour le Moyen-Orient heurtent profondément sa fierté de musulman.

Le sentiment de trahison résultant de la signature des accords Sykes-Picot, fruit de longues négociations entre français et anglais entre 1916 et 1918 attisent encore la méfiance d’Al Banna à l’égard des non-musulmans. Les promesses d’indépendance faites au Arabes sont unilatéralement rompues  l’accord franco-britannique qui divise le Moyen-Orient en cinq zones

Le Moyen-Orient est découpé, malgré les promesses d’indépendance faites aux Arabes, en 5 zones :

  • zone française d’administration directe formée du Liban actuel et de la Cilicie ;
  • zone arabe A, d’influence française comportant le nord de la Syrie actuelle et la province de Mossoul ;
  • zone britannique d’administration directe formée du Koweït actuel et de la Mésopotamie ;
  • zone arabe B, d’influence britannique, comprenant le sud de la Syrie actuelle, la Jordanie actuelle et la future Palestine mandataire ;
  • zone d’administration internationale comprenant Saint-Jean-d’Acre, Haïfa et Jérusalem. La Grande-Bretagne obtiendra le contrôle des ports d’Haifa et d’Acre, correspondant à peu près aux frontières contemporaines d’Israël y inclus les territoires occupés.

(Au printemps-été 2014, parallèlement à ses conquêtes territoriales en Syrie et en Irak, EI a déclaré l’abolition de la frontière Irako-syrienne, et déclare à qui veut l’entendre qu’ils ne reconnaissent pas les accords Syke-Picot.)

En 1927, Al Banna entame sa vie professionnelle comme instituteur à Ismaïlia, sur le canal de Suez. L’importance stratégique critique du Canal de Suez a pour conséquence la présence de troupes britanniques dans la région. Pour Al Banna, l’omniprésence de ces infidèles en terre musulmane est un constant rappel de l’humiliation de son peuple et de la nécessité à restaurer la beauté et le règne de la charia. En 1928, il fonde la Confrérie des Frères Musulmans. Initialement une organisation caritative visant à lutter contre l’emprise laïque occidentale et l’imitation aveugle du modèle européen, la Confrérie se dote rapidement d’un programme politique visant à l’établissement du Grand Califat et à l’instauration de la Charia comme seule loi applicable en son sein.

A la même époque, dans le monde, les courants pangermaniques et panslavistes ont le vent en poupe. Ceux-ci sont suivis de très près par Al Banna qui s’inspire de leurs techniques pour faire avancer sa cause. Lorsqu’Hitler accède au pouvoir en 1933, la Confrérie compte quelques 2000 adhérents. Un an plus tard, ils sont déjà 40 000 et atteignent 200 000 en 1938.

Née à l’époque de l’essor du fascisme et du stalinisme, l’idéologie des Frères s’inscrit dans une logique totalitaire, additionnée de religion. Contrairement aux deux autres mouvements totalitaires de l’époque, l’islamisme des Frères Musulmans s’inscrit dans la durée, et leur programme est conçu en termes de décennies, voire de siècles. Alors que tant le stalinisme et le nazisme ont depuis lors vu leur climax et leur déclin, les Frères Musulmans ont discrètement continué à œuvrer dans l’ombre.

A la tête des Frères, Al-Banna se donne le titre de “Mourched al aam” (Guide général). En ligne avec la philosophie totalitaire nazie basée sur la centralisation personnelle du pouvoir, il nomme personnellement les 12 à 20 membres qui composent le conseil de la Confrérie. Le Guide détient tous les pouvoirs. Son autorité s’appuie sur un serment d’allégeance à sa personne prononcé par chacune des recrues. “Je m’engage envers Dieu, le Très-Haut, le Très-Grand, dit le postulant, à adhérer fermement au message des Frères musulmans, à accomplir pour lui le “djihad” (la guerre sainte), à avoir entière confiance en son chef et à lui obéir totalement en toute circonstance heureuse ou malheureuse…”

Dans le serment d’allégeance, le terme “djihad” est déterminant. Rapidement, les Frères se dotent d’une force militaire. D’abord au sein de leur organisation de scoutisme, où un millier de jeunes gens portent les armes. En 1936, lors du soulèvement arabe en Palestine, puis en 1948, pendant la première guerre israélo-arabe, ils participent aux combats.

Ensuite, les Frères se dotent d’une structure militaire clandestine, l’”Organisation secrète,” commandée par Saleh Achmaoui. Dès 1940, une relation se noue entre cette Organisation secrète et certains cadres de l’armée égyptienne. Ces derniers sont les futurs putschistes, connus sous le nom d’ “Officiers libres.” Dans les coulisses politiques, Anouar al-Sadate, très lié à Gamal Abdel Nasser, fournit des armes à la confrérie. En 1944, Nasser établit même une connexion directe avec celle-ci.

Cet activisme clandestin finit par inquiéter le pouvoir. Au mois de mars 1948, ce dernier exige la remise des armes de la confrérie et l’intégration de ses unités militaires à l’armée régulière. Al-Banna ordonne à ses troupes d’obéir, mais beaucoup refusent.

Cet incident est révélateur du dilemme des Frères. Leur discours mobilisateur leur assure un recrutement rapide et une masse de manœuvre importante. Mais l’action politique, faite de patience et de compromissions, déçoit les recrues les plus motivées, qui refusent d’obéir ou quittent la confrérie pour créer des groupes plus radicaux. En ce sens, ils sont les initiateurs des mouvements terroristes agissant au nom du “djihad.”

Le contrôle de l’organisation échappe à Al-Banna. Au printemps 1948, un jeune Frère tue un juge. Au mois de novembre, pendant une manifestation de rue organisée par la Confrérie, deux officiers anglais sont lynchés. Le 6 décembre, le Premier ministre égyptien, Noqrachi, ordonne la dissolution des Frères musulmans. Trois semaines plus tard, un membre de la Confrérie, encore étudiant, assassine Noqrachi, alors même qu’Al-Banna cherchait à joindre le palais royal pour trouver une issue à la crise.

En janvier 1949, les autorités arrêtent 4000 militants. Le 12 février 1949, dans des circonstances mal élucidées, Hassan Al-Banna meurt, victime d’un attentat organisé, semble-t-il, par la police. Afin d’éviter des émeutes, le gouvernement interdit la constitution d’un cortège de funérailles et fait encadrer le cercueil par un détachement de blindés.

Décapité, obligé à la clandestinité, le mouvement survit en dépit de ses divisions internes. Nombreux membres fuient l’Egypte, se réfugiant principalement en Arabie Saoudite, mais aussi en Afrique du Nord, en Europe et en Amérique, ou ils plantent les germes du Djihad. En Egypte, trois tendances se dessinent. La première, conservatrice et de caractère religieux plus accusé, la seconde attirée par l’action violente, la troisième enfin, prétendue “modérée”, mais surtout plus politique. Cette dernière, va l’emporter et amener la confrérie à soutenir les Officiers libres de Nasser.

A cette époque et jusqu’au mois de juillet 1952, date du coup d’État des Officiers libres, les Frères prennent une large part aux émeutes anti- britanniques affaiblissant une monarchie jugée par tous trop proche de l’occupant. Forts de leurs relations avec les putschistes, ils croient le pouvoir à portée de leur main quand le roi tombe. Mais Nasser, renforçant ses positions sous la présidence du général Néguib, s’oriente de plus en plus vers un socialisme marxisant.

Les Frères le gênent. Le 4 janvier 1954, prenant prétexte d’une manifestation organisée par eux trois jours plus tôt à l’université du Caire, il fait arrêter quelques dirigeants de la Confrérie et interdit le mouvement. Le 23 octobre de la même année, un jeune Frère tente d’assassiner Nasser à Alexandrie. La répression se déchaîne. Quand, en novembre 1955, Nasser devient premier Ministre, puis en juin 1956 prend le titre de Président, ses anciens alliés croupissent dans des camps qui n’ont rien à envier à ceux de Staline.

Dans cet univers concentrationnaire, où la torture sert de méthode habituelle d’interrogatoire, les Frères musulmans se durcissent. Un nom va émerger, celui de Saïd Qotb.

L’essor international du djihadisme

 

En 1953, Saïd Qotb prend la direction du bureau de publication des Frères Musulmans. Saïd Qotb (Sayyid Qutb) est un intellectuel égyptien devenu disciple des Frères musulmans après le profond sentiment d’horreur qu’il éprouve face à l’individualisme américain et la débauche des femmes américaines lors d’un voyage aux Etats-Unis en 1948. Il est le chantre de la nécessité d’un djihad agressif et guerrier pour « libérer » le monde de l’ignorance du Coran et imposer la charia dans le monde entier pour le bien des peuples. Les idées de Saïd Qotb se résument schématiquement comme suit:

  • L’Islam est en crise. Les millions de gens qui se réclament de l’Islam n’en comprennent en réalité pas grand-chose, ils ne sont pas de vrais Musulmans. Qutb prononce donc une condamnation très forte de la société égyptienne de l’époque.
  • Un retour aux vraies valeurs de l’Islam est indispensable. Il appartient à une élite de guider les masses en jouant le même rôle que celui des compagnons du prophète de l’Islam.Cette élite, qu’il appellera dans plus d’un ouvrage “annawâteassoulba” (littéralement “le noyau dur”),a pour but de ré-islamiser la société.
  • L’islam apporte une solution complète à tous les problèmes, politiques, économiques et sociaux. En revanche, les influences occidentales sont dangereuses et nuisibles. Il dénie le qualificatif de “civilisation” aux blocs de l’Est (socialiste) et de l’Ouest (capitaliste), qu’il renvoie dos à dos comme représentant deux faces d’une même entité qu’il appelle la “Jahiliya” (littéralement : “état d’ignorance”).
  • L’idée d’une “lutte contre les Juifs” est également présente dans la pensée de Saïd Qotb, est encapsulée au début des années ’50 dans son opuscule « Notre combat contre les Juifs ». Dans son commentaire de la sourate 5, SaidQotb réaffirme ses convictions antisémites : « Depuis les premiers jours de l’islam, le monde musulman a toujours dû affronter des problèmes issus de complots juifs. (…) Leurs intrigues ont continué jusqu’à aujourd’hui et ils continuent à en ourdir de nouvelles. »

Saïd Qotb est pendu pour trahison en août 1966 après la publication de son livre ‘Jalon sur la route de l’Islam’, où il déclare la supériorité de la civilisation de l’Islam par rapport à l’Occident et la nécessité pour l’Islam de régner sur l’humanité entière. « L’Islam a le devoir de faire respecter le règne de Dieu sur l’univers. Ce règne ne peut être valable que sous l’égide d’un régime islamique établit par Dieu à l’intention de tous les hommes sans exception  » écrit-il.

Saïd Qotb est une source d’inspiration centrale de toute la mouvance terroriste panislamique, tant chiite que sunnite, et un des éléments de base d’Al Qaeda. Bien que les Frères musulmans soient d’obédience sunnite, c’est leur idéologie d’établissement du Califat mondial qui inspire les Fedayin de l’Islam, Chiites, et qui seront essentiels à l’ascension au pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny en Iran en 1979.

Indépendamment des différences dogmatiques entre les deux branches de l’Islam, le rêve de la création du Califat islamique est donc maintenant établi tant pour les Islamistes d’obédience chiite que pour ceux d’obédience sunnite. Il est crucial de comprendre que dans la logique islamiste, c’est l’Occident qui est arriéré et qu’il incombe aux vrais Musulmans de les éclairer de leur lumière!

La renonciation officielle à la violence des Frères Musulmans sous Nasser a vu l’émergence du mouvement salafistes avec lequel les Frères Musulmans nient toute affiliation. Les salafistes ont accédé à la notoriété mondiale en assassinant le Président égyptien Anouar El Sadate en 1981 pour le punir d’avoir signé la paix avec Israël. Leur doctrine prône de garder un profil apolitique, doux et inoffensif lorsque parmi les non-musulmans et les musulmans libéraux. Cette façade leur permet de convertir ces derniers à l’islamisme et d’établir une cinquième colonne dans les territoires non encore islamisés. Dès que la proportion de convertis au salafisme atteint une masse critique suffisante, les salafistes entament la seconde phase de leur programme, le djihad accompagné de violence.

Les liens entre salafistes et Frères Musulmans sont difficiles à déchiffrer, mais les deux mouvances partagent tant leur vision conservatrice de l’Islam que le but ultime de la création du Califat Islamique mondial.

Par un retour ironique de l’Histoire, c’est l’ascension au pouvoir du chiite Khomeiny en Iran qui insuffle un vent d’espoir aux salafistes sunnites égyptiens en leur démontrant qu’une poignée d’Islamistes déterminés peut, effectivement, arriver à changer le cours de l’Histoire.

Cependant, le vent de conquête salafiste en Egypte autour de la mort de Sadate sera coupé court par la répression sans concession menée par Moubarak qui succède à Sadate. Les organisations salafistes sont démantelées, leurs membres et dirigeants emprisonnés, et les Frères musulmans se précipitent pour dénier officiellement toute responsabilité dans l’assassinat de Sadate ainsi que toute association avec les salafistes.

Un des leaders salafistes emprisonnés par Moubarak est Ayman Al Zawihiri, qui deviendra plus tard le second d’Ossama Ben Laden, fondateur d’Al Qaeda, auquel il succédera en 2011.

Faute de preuves, Zawahiri est libéré par le régime de Moubarak après 3 ans d’incarcération et se rend en Afghanistan pour rejoindre les Talibans qui combattent l’URSS.

En Afghanistan, il est accueilli par Abdullah Azzam, un Palestinien membre des Frères musulmans célébré pour sa lutte contre les sionistes. Azzam présentera Zawahiri à OssamaBen Laden. Ensemble, ces trois hommes créeront l’organisation islamiste internationaliste Al Qaeda, qui essaimera de par le monde de nombreux sous-groupes opérant quasi-indépendamment les uns des autres pour limiter les risques inhérents à toute activité terroriste.

Etant donné la nature excessivement secrète d’Al Qaeda, la nature de leurs liens avec les Frères musulmans est difficile à établir. Cela étant, tant Zawahiri, salafiste – et donc héritier des Frères musulmans – que Azzam, dont l’appartenance aux Frères musulmans à l’époque de la création de Al Qaeda est indéniable, sont liés à la confrérie.

Alors que les méthodes d’Al Qaeda sont brutales et militaires, la stratégie officielle des Frères Musulmans est basée sur la longueur et sur une implantation pacifiste dans autant de territoires possibles. Pendant les années ’80, en Egypte, les Frères Musulmans renaissent comme association caritative, soumise à une interdiction de participation politique. Faute de pouvoir accéder au pouvoir temporel en Egypte, les Frères se répandent dans les territoires de l’ancien Califat ottoman, comme le Soudan, la Tunisie et l’Algérie. Leur projet s’inscrivant dans la longueur, leur implantation graduelle est destinée à leur permettre de prendre le pouvoir à terme.

En Tunisie, en 1986-87, Ennahdha – la branche tunisienne des Frères musulmans dirigée par Rachid Ghannouchi – mène une série d’attentats. Emprisonné, exilé en Algérie puis au Soudan, ensuite à Londres, Ghannouchi revient en Tunisie en 2011 et prend la tête du mouvement connu sous le nom de “printemps arabe”. Pendant son exil à Londres, conformément aux visions de domination globaliste des Frères, Ghannouchi poursuit leur programme en recrutant pour eux sur les terres britanniques. Membre du Bureau de Guidance International de la Confrérie des Frères Musulmans, Ghannouchi affirme qu’Ennahdha agit indépendamment des instructions des Frères.  Il définit Hamas comme in mouvement musulman modéré bénéficiant du support inconditionnel d’Ennahdha. Un sondage effectué en 2012 indique que la population tunisienne est un des moins encline du Moyen-Orient à faire appliquer les lois de la charia à la lettre. A peine 18% sont en faveur de la peine de mort pour apostasie, 28% pour couper la main des voleurs et 28% pour lapider les adultères (contre 88, 70 et 80% en Egypte a la même période). Ennahdha se présente comme un parti musulman modéré, et se défend des accusations d’avoir une quelconque part dans les assassinats de 2 leaders de l’opposition séculariste en 2013. Les prochaines élections en Tunisie sont prévues pour octobre 2014.

Installés à Gaza et en Cisjordanie depuis les années cinquante, les Frères Musulmans palestiniens, dirigés par le cheik Ahmed Yassine, prennent en 1987 le nom de Hamas, Mouvement de la résistance islamique. Continuant à diffuser leur message de haine d’Israël sous ce nouveau nom, ils rédigent et entérinent leur Charte en 1988 et entament la lutte armée, évoluant rapidement vers le terrorisme, y compris colis piégés, attentats suicides et lancement de roquettes sur le territoire israélien. En 2006, le Hamas remporte les élections législatives en Palestine et forme un gouvernement d’union nationale avec le Fatah. Dès 2007, la cohabitation entre le Hamas islamiste et le Fatah séculariste génère une violente scission entre les deux blocs politiques. Le Hamas s’empare de la bande de Gaza – autonome depuis l’évacuation des Israéliens en 2005 – où il élimine brutalement ses opposants tandis que le Fatah garde le pouvoir en Cisjordanie. A Gaza, outre le Hamas, seul le Djihad Islamiste, un groupement armé également dépendant des Frères musulmans mais financé par l’Iran, est autorisé à rester. Des rumeurs, renforcées par la présence de drapeaux de EIIL au sein de manifestations à Gaza, et par la déclaration par EIIL de la mort de 13 shahids à Gaza en été 2014,  indiquent une possible collaboration entre EIIL et le Hamas à Gaza.

En Algérie, en 1991, le Front Islamique du Salut (FIS) – un parti politique algérien formé de Frères musulmans –  remporte les élections législatives en Algérie. L’annulation de ces élections mènera à la guerre civile algérienne qui fera près de 200.000 morts. La nouvelle constitution algérienne adoptée en 1996 inclut un article interdisant toute référence religieuse dans le programme et l’intitulé des formations politiques n’a pas été amendé lors des révisions de 2002 et 2008. Cette mesure figure également dans la loi sur les partis adoptée par le Parlement en 2012. Les partis islamistes se sont adaptés à ces limitations juridiques en rebaptisant leurs formations et en changeant leurs statuts. Ainsi, le Hamas, de feu Mahfoud Nahnah, s’est-il, tout en conservant son acronyme arabe d’origine, rebaptisé Mouvement de la société pour la paix (MSP). D’autres ont pu conserver leur label, voire leur nom, comme El-Islah (“la réforme”), devenu Mouvement pour la réforme nationale (MRN), et Ennahda. le Front du changement (FC), d’Abdelmadjid Menasra, et le Rassemblement Espoir de l’Algérie (TAJ), d’Amar Ghoul. Quant à Abdallah Djaballah, évincé d’Ennahda puis d’El-Islah, il a baptisé son parti le Front pour la justice et le développement (FJD). À Alger, les paris sont déjà ouverts pour imaginer le nouveau sigle de l’ex-FIS, qui devrait ressembler à s’y méprendre à l’original.

Aux USA et en Europe, les Frères, grâce à leurs réseaux associatifs, créent des têtes de pont au sein des communautés musulmanes établies sur place.

En France, l’Union des Organisations Islamistes de France (UOIF), créée en 1983, et dont dépend une soixantaine d’associations, rassemble aujourd’hui jusqu’à 100 000 fidèles lors de leur réunion annuelle. Pendant des années, l’affiliation entre UOIF et Frères musulmans était connue et assumée. Aujourd’hui, l’existence de ces liens est démentie par ses responsables. Ce qui n’a pas empêché qu’en 2012, tous les orateurs invités à s’exprimer lors de la réunion annuelle étaient affiliés aux Frères ou à leurs sympathisants. L’un des thèmes récurrents abordés lors de ces réunions annuelles est la politisation des Musulmans. Cette politisation comprend le devoir d’étudier les programmes électoraux des différents partis, de sélectionner ceux favorables à l’Islam et le devoir de voter pour eux. L’abstention ou le choix d’un candidat risquant de freiner l’expansion de l’Islam sont définis comme des entorses au devoir du Musulman, à moins qu’il ne s’inscrive dans une stratégie permettant l’ascension de musulmans dans leur carrière politique. L’implantation de représentants politiques musulmans au sein du paysage politique français est fortement encouragée, et la nécessité de dissimuler sa foi pour arriver à des positions de pouvoir fait partie intégrante de la Taqiyya, et est donc parfaitement licite dans le cadre du djihad pacifique.

 

Aux USA, en 1963, la première association estudiantine musulmane (MSA Muslim Students Association) est créée en Illinois, la première de plusieurs de chapitres locaux dans la plupart des universités américaines. En 1973, le MSA ouvre un holding financier, le NAIT (North American Islamic Trust), contrôlant les mosquées, centres islamiques et propriétés musulmanes sur le territoire américain. En d’autres termes, les Frères Musulmans s’assurent le contrôle de l’Islam aux USA. En 1981, le MSA fonde la Société Islamique d’Amérique du Nord (ISNA – Islamic Society of North America).

En 1991, des documents saisis en la demeure d’un membre du Hamas arrêté par le FBI listent les organisations affiliées aux Frères Musulmans ayant une présence active aux USA. Outre le MSA, NAIT et ISNA, celles-ci incluent

MCA, Muslim Communities Association : Association des Communautés Musulmanes
AMSS, Associationof Muslims Social Scientists : Association de Scientifiques de Sciences Sociales Musulmans
AMSE Association of Muslim Scientists and Engineers : Association des Scientifiques et Ingénieurs Musulmans
CAIR, Comittee for American Islamix Relations : Comité pour les Relations Americano Islamiques (En 2006, 3 membres, Ismail Royer, spécialiste des communications, Bassem Al Kafadji, Directeur des relations communautaires et Ghassan Elashi, Fondateur du chapitre texan,  sont condamnés pour le support de réseaux terroristes. En 2008, le FBI indique l’existence de liens entre CAIR and Hamas et d’autre réseaux terroristes ou radicaux et met fin à la collaboration avec CAIR pour promouvoir les relations entre les USA et les pays musulmans)

ITC, Islamic Teaching Center : Centre d’Enseignement Islamique
FID, Fondation for International Development : Fondation pour le Développement International
IHC, Islamic Housing Cooperative : Coopérative Islamique du Logement
ICD, Islamic Centers Division : Departement des Centres Islamiques
ATP, American Trust Publications
AVC, Audio Visual Center : Centre Audio-Visuel
IBS, Islamic Book Services : Service des Livres Islamique
MBA, Muslim Business Association : Association Musulmane pour les Affaires
MYNA, Muslim Youth North America : Jeunesses Musulmanes d’Amérique du Nord
MAYA, Muslim Arab Youth Association : Association pour la Jeunesse Arabe Musulmane
IMA, Islam Medical Association : Association Médicale de l’Islam
IFC, ISNA FIQH Committee : Comite de Jurisprudence Islamique de l’ISNA
IPAC, ISNA Political Awareness Commitee : Comite de Consciance Politique de l’ISNA
IED, Islamic Education Departement : Département Islamique d’Education
ICNA, Islamic Circle of North americ : Cercle Islamique d’Amérique du Nord

IIIT, International Institute for Islamic Thought: Institut International pour la Pensée Islamique
IIC, Islamic Information Center: Centre d’Information Islamique
IAP, Islamic Association for Palestine : Association Islamique pour la Palestine (Une organisation servant de couverture au Hamas)
OLF, Occupied Land Fund : Fonds pour les Territoires Occupés
Toutes ces institutions qui semblent indépendantes les unes des autres bénéficient du soutien financier des Frères Musulmans. Toutes ces organisations ainsi que d’autres participent à des degrés divers à avancer le but des Frères Musulmans aux USA. Détruire la civilisation occidentale, définie comme pervertie et décadente, de l’intérieur, petit à petit et favoriser l’établissement du Califat Mondial. Ces diverses organisations œuvrent de concert pour, d’une part, former l’élite musulmane de demain en finançant les études de leurs coreligionnaires, d’autre part infiltrer les institutions politiques, civiles et militaires en utilisant les outils démocratiques propres à la civilisation occidentale. Leur autre tactique est de faire front unanimement contre toute personne, y compris des musulmans non-affilies, qui osent mettre en doute le caractère pacifique et démocratique de leurs institutions. Les Frères Musulmans ont mis au point une tactique redoutable permettant de délégitimer tout opposant en le qualifiant d’islamophobe et en ayant recours a tout ou partie de leurs contacts au sein de la presse pour ce faire.

 

 

En 1994, Mamoun Fandy, un expert américain d’études des Frères Musulmans, s’inquiète de la naïveté des occidentaux et de leur capacité à se laisser leurrer par la face modérée et pacifiste que les Frères Musulmans présentent à l’Occident. En 2006, lors d’une convention de l’Isna à Chicago Sayyid Syeed, Directeur de ISNA, déclare « Notre mission est de changer la constitution américaine »

En Egypte, en 2012, les Frères musulmans remportent la première élection présidentielle qui fait suite à la chute de Moubarak lors du printemps arabe égyptien de 2011. Leur carrière politique au pouvoir sera de courte durée, en été 2013, suite à un nombre croissant de manifestations de mécontentement à leur égard, le General Sisi prend le pouvoir, non sans éliminer plusieurs centaines de frères musulmans et en emprisonner des milliers. Le gouvernement central de la Confrérie est effectivement désactivé, laissant les disciples du mouvement responsables de suivre les quatre principes fondateurs de la Confrérie :

  • La restauration du Califat (Khilafah)
  • L’avènement du calife
  • L’imposition de la Charia comme seule source de gouvernance
  • Le Djihad

Pour autant que le djihadisme mondial ait eu jusque-là une direction centrale au sein de la Confrérie, les innombrables groupements djihadistes éparpillés dans le monde sont donc maintenant livrés à eux-mêmes.

Les réseaux djihadistes actifs en 2014

 

Les innombrables groupuscules terroristes islamiques qui pullulent ces dernières décennies ont, pour la plupart, repris  à leur compte le rêve de l’établissement du Califat. Malgré que leurs liens avec les Frères Musulmans soient souvent inofficieux ou clandestins, la Confrérie œuvre en sous-main, leur offrant un support logistique, financier ou académique. Même Al Qaeda s’était affirmésolidaire des frères musulmans, malgré le désir de ces derniers de ce distancer (au moins publiquement) d’eux, par peur d’être délégitimés.

 

Mi- 2014, les quatre groupes djihadistes les plus notoires sont : EIIL, en Irak et en Syrie;  Shahab, en Somalie; Hamas à Gaza et Boko Haram au Nigeria.

L’objectif déclaré d’EIIL est de créer un Etat islamique sunnite couvrant l’Iraq, la Syrie, la Jordanie, le Liban et la Palestine (y inclut Israël). En février 1914, Al Qaeda s’est séparé d’EI, les trouvant par trop extrémistes. Et, pour qu’Al Qaeda définisse un groupe islamiste comme par trop extrémiste, la cruauté de ce groupe est certaine.

EIIL, de 2004 à juillet 2014

Aujourd’hui, EIIL est connu sous de nombreux patronymes. En arabe, il s’appelle ad-Dawla al-Islāmiyya fi al-ʿIrāq wa-š-Šhām raccourcit en Daiish (ou Daech ou Daesh) par les opposants au mouvement et en Dawla (l’Etat) par ses sympathisants. En anglais, EIIL est connu sous le nom ISIS, ISIL ou IS. ISIS pour Islamic State of Iraq and Syria ou encore Islamic State of Irak and Sham (la traduction arabe du terme Levant) ISIL pour Islamic State of Iraq and the Levant ou IS pour Islamic State tout court, correspondant au EI français pour Etat Islamique. Cette dernière dénomination est controversée étant donne qu’elle constitue une reconnaissance de fait de la création d’un l’Etat Islamique, ce qui implique la reconnaissance de la légitimité de la nomination de Abu Bakr Al Bagdadi come Calife. Cet ouvrage utilise la dénomination EIIL.

Historique

En 2004, Jamāʻat al-Tawḥīdwa-al-Jihād (Al Tawhid), le groupe terroriste parallèle à Al Qaeda et dirigé par Abu Musab al-Zarqawi est officiellement intégré à Al Qaeda et accepté comme Emirat régional. Entre 2004 et 2006, Zarqawi poursuit son palmarès terroriste, incluant de nombreux attentats et la décapitation manuelle de ressortissants américains.

En 2006, il est éliminé par les Américains qui bombardent la maison où il se trouve, tuant également sa deuxième et sa troisième épouse ainsi que son deuxième fils et sept de ses adjoints. Après la mort de Zarqawi, Ibrahim Awwad Ibrahim Ali al-Badri al-Samarrai, plus connu sous le nom de guerre AbubBakar Al Bagdadi, prend la tête d’Al Tawhid.

On ne sait que peu de chose concernant Al Bagdadi, si ce n’est qu’il aurait obtenu un PhD en Etudes Islamiques à l’Université de Bagdad. Cette information émane d’un forum djihadiste et n’est pas vérifiée.

En 2007, le mouvement Al Tawhid resurgit sous l’appellation d’Etat Islamique en Irak (EII), ou encore, Al Qaeda en Iraq (AQI). Entre 2007 et 2011, les forces irakiennes, avec l’appui des USA, repoussent EII vers les provinces désertiques d’Anbard et de Ninive au Nord de l’Irak, à la frontière syrienne. Avant le départ des troupes américaines, le nombre de membres d’EII est estimé à environ 850 à 2.000 à peine. En 2011, les Etats-Unis rappellent la quasi-totalité de leurs troupes – laissant à peine 3000 soldats en Irak sur les 20-25.000 qui s’y trouvaient – et la guerre civile éclate en Syrie.

En Irak, le départ des troupes américaines se fait en 2011 en dépit des recommandations des experts de la situation en Irak. Ceux-ci craignent que le fragile équilibre politique naissant ne soit pas encore en mesure de survivre sans l’aide américaine. Et, effectivement, le président Maliki, chiite, qui avait jusqu’alors obtempéré aux injonctions américaines de maintenir un équilibre tribal au sein du gouvernement et des forces de sécurité, retombe rapidement dans les pratiques tribales népotistes endémiques dans la région. Face à cela, les tribus sunnites ne se sentent plus en sécurités et sont beaucoup plus réceptives aux offensives de charme d’EII, qui recrute intensivement en leur sein.  EIIL mène de nombreuses actions terroristes contre les chiites en Irak, attentats divers et varies qui font des centaines de morts et sont parfois source de financement pour le mouvement. Les tribus sunnites irakiennes voient EIIL comme un allié potentiel contre le pouvoir chiite perçu comme de plus en plus menaçant, d’autant plus que l’Iran soutient la montée du pouvoir chiite en Irak. Le soutien de l’Iran aux chiites est vu par les sunnites comme une trahison.

En 2013, les tribus sunnites d’Irak se soulèvent contre le régime du Président chiite Maliki, et EIIL en profite pour revenir en force en Irak. Ils multiplient les attentats, attaquent les prisons et engagent les prisonniers libérés pour grossir leur rangs. En janvier 2014, EIIL conquiert Ramadi et Fallouja, deux villes d’importance stratégique critique, situées à 60 kilomètres à peine de Bagdad. En février 2014, considéré comme trop extrémiste par les dirigeants d’Al Qaeda, EIIL est exclu du réseau. En juin 2014, alors que le monde se focalise sur l’enlèvement de 3 adolescents en Israël et sur les opérations militaires pour les localiser, EIIL mène une blitzkrieg fulgurante et conquiert de vastes zones de l’Ouest de l’Irak ainsi que la ville de Mossoul.

La prise de Mossoul est le résultat direct des campagnes d’intimidations d’EIIL qui sème la terreur au cœur de ses ennemis. L’armée irakienne basée à Mossoul et qui bénéficie d’équipement militaire américain très performant est virtuellement désertée sans coup tirer à cause de la peur d’EIIL, sûrement, mais aussi suite aux nominations des grades militaires par le régime de Maliki au cours des deux années qui ont suivi le départ des forces américaines. Sous la supervision américaine, les nominations militaires étaient faites d’une part au mérite et d’autre part pour garantir une représentation équilibrée des différentes tribus irakiennes. Dès que Maliki eut les mains libres, il opta pour modifier cette politique de nomination et offrir les postes militaires les mieux rémunérés à sa clique et inclure un nombre disproportionné de chiites dans les Forces de Sécurité Irakienne.

La population de Mossoul étant en majorité sunnite, l’armée, coincée entre une population hostile et les guerriers sanguinaires d’EIIL, a préféré prendre la fuite, laissant derrière eux armes et bagages. La prise de Mossoul par EIIL est donc non seulement une victoire militaire majeure, mais elle a également fourni à l’EIIL un stock d’armes inestimable.

En Syrie, la guerre civile oppose le régime de Bashar El Assad, un Alaouite chiite soutenu par l’Iran et allie au Hezbollah au Liban, aux tribus rebelles en majorité sunnites de la région. En plus des tribus basées en Syrie, les forces rebelles reçoivent des renforts de tribus sunnites irakiennes et de volontaires étrangers venant d’Europe et des USA ou de missionnaires salafistes les enjoignant de joindre la lutte. En août 2014, le nombre de combattants étrangers au sein de EIIL est estimé à entre 5 et 15 000 recrues venant du monde occidental et  de 15 à 30 000 venant du Moyen-Orient.  Face aux dangers pose par EIIL, les chrétiens de Syrie s’organisent en milices soutenant les forces d’Assad aux cotés de l’armée gouvernementale syrienne et des milices dépêchées par le Hezbollah.

Il est intéressant de constater qu’ISIS, depuis sa création, suit à la lettre les étapes définies par Al Qaeda pour l’établissement d’un Califat Islamique dans tout le monde Arabe.

Publié en 2005, par Fouad Hussein, un journaliste jordanien ayant partagé la cellule de Al Zarqawi, le livre « Al Zarqawi- Al Qaeda Deuxièmes Génération » décrit la stratégie de Al Qaeda pour établir le Califat est un plan en 7 étapes.

  1. Première Etape – « Le Réveil » : A la publication du livre, cette étape a déjà eu lieu. Elle était prévue pour la période 2000-2003, débutant par les attaques du 11 Septembre aux USA et culminant par la chute de Bagdad en 2003. Le but de la première étape était d’amener les USA à déclarer la guerre à l’Islam, et à « réveiller » les musulmans. D’après Hussein, cette étape est définie par comme un succès par les stratégistes d’Al Qaeda. Le message d’Al Qaeda est maintenant entendu partout.
  2. Deuxième étape : « Ouvrir les yeux » : 2003-2006 Cette période est destinée à sensibiliser le monde occidental à l’existence de la « communauté islamique » et à développer un mouvement de masse au sein des communautés musulmanes. Al Qaeda dédie cette période au recrutement intensif et à l’établissement d’une base centrale d’opérations en Irak, y compris la création d’une force militaire, et à la création de bases régionales dans d’autres états arabes.
  3. Troisième étape : « Emergence et Défense » 2007-2010. Focalisée sur la Syrie. Les cadres militaires sont déjà prêts, et certains sont en Irak. Des attaques sont prévues en Turquie et en Israël. Les stratégistes d’Al Qaeda espèrent que leurs attaques en Israël contribueront à consolider le Djihad.
    [Note : l’opération « Plomb durci » menée par Israël à Gaza en 2008 en réponse aux tirs de missiles intensifs au départ de Gaza a été utilisée massivement comme outil de recrutement par les réseaux djihadistes occidentaux, maitres incontestés de la manipulation par réseaux sociaux interposes]
  4. Quatrième étape : 2010-2013 : Al Qaeda va œuvrer pour déstabiliser et favoriser l’effondrement des gouvernements séculaires du monde arabe, pariant sur un gain considérable en termes de recrutement suivant l’écroulement des régimes en place. Durant la même période, Al Qaeda mènera des attaques cybernautiques contre les USA et des attaques terroristes ou militaires contre les fournisseurs de pétrole à l’occident.
  5. Cinquième étape : 2013-2016 Déclaration d’un Califat Islamique. La prédiction de cet établissement repose sur l’estimation que l’influence du monde occidental dans le monde islamique sera suffisamment affaiblie que pour permettre l’avènement d’un nouvel ordre.
  6. Sixième étape : « Confrontation totale » 2016-2018 Dès la création du Califat, l’armée islamique va mener la lutte entre les croyants et les infidèles, comme l’avait prédit Osama bin Laden.
  7. Septième étape : « Victoire Définitive » 2018-2020. Le monde non-musulman, abasourdi et abattu par la fulgurante conquête des islamistes, n’auront d’autre choix que de reconnaitre et accepter le Califat.

 

Hamas, des années cinquante a aujourd’hui

 

Créé en 1987 en tant que mouvement caritatif, le Hamas se redéfinit comme mouvement de libération de la Palestine en 1988, adoptant sa charte et créant une branche armée nommée les brigades Izz-Ad-Din.

Entre 1988 et 2006, le Hamas évolue du simple lancement de pierres aux colis piégés, suivis par les attentats-suicides, additionné de lancement de roquettes sue le sud d’Israël. La construction du mur de séparation met pratiquement fin aux attentats.

Entretemps, la popularité du Hamas en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, évacuée unilatéralement par Israël en 2005 et sous contrôle palestinien, est inversement proportionnelle au dégoût ressentit par les gazaouis envers le Fatah, perçu comme totalement corrompus.

En conséquence, le Hamas récolte 44.45% des voix contre 41.43% pour le Hamas aux élections législatives de 2006. La création subséquente d’un gouvernement d’union nationale et le refus du Hamas de reconnaitre l’Etat d’Israël et de renoncer à la violence cause la suspension des subsides à l’Autorité Palestinienne (AP) dans son ensemble. Les tensions internes au sein de l’AP qui résultent de manque de fonds mènent a un niveau de dissension tel que le Hamas et le Fatah se séparent, le Hamas imposant son joug à Gaza, non sans éliminer nombre de ses opposants du Fatah, et le Fatah restant en charge de la Cisjordanie.

En conséquence, les subsides sont restitués en Cisjordanie, mais pas à Gaza qui est de surcroit soumis à un blocus renforce.

En 2008, le nombre de roquettes lancées par Hamas sur sud d’Israël et l’introduction de missiles capables d’atteindre Ashkelon mènent a l’Opération Plomb Fondu, une bataille sanglante qui génère des destructions massives à Gaza et la mort de entre 600 et 1600 personnes, suivant les sources, la proportion de civils étant un sujet hautement dispute que nous ne tenterons pas de trancher ici.

Ce qui est sûr, c’est qu’un des résultats de cette opération a été la démonisation de l’Etat d’Israël combinée à un veto complet sur tout questionnement concernant la légitimité du Hamas. Les nombreuses manifestations de soutien aux Palestiniens en Europe et ailleurs arboraient fièrement les drapeaux du Hamas.

 

Le Hamas se développe différemment en Cisjordanie, ne participant pas, notamment, à la création ou au contrôle d’institutions publiques. Les Frères musulmans en Cisjordanieforment alors une partie importante du Mouvement islamique de Jordanie qui fut pendant quelques années un allié du régime hachémite. De plus, les Frères musulmans en Cisjordanie s’appuient sur une classe sociale plus élevée (marchands, propriétaires, employés). Jusqu’au milieu des années 1980, les Frères musulmans prennent des positions essentielles dans les institutions religieuses de la Cisjordanie.

Selon certains analystes, les Frères musulmans palestiniens étaient financés pendant les années 1970 et 1980 directement et indirectement, au titre d’organisation caritative, par différents États comme l’Arabie saoudite et la Syrie, financements qu’Israël a laissé faire car à l’époque ils n’étaient qu’un mouvement religieux sans actions militaires et ne pratiquant pas d’attentats terroristes contre Israël à la différence de diverses branches de l’OLP. L’État hébreu, par ailleurs, a officiellement reconnu ce bras politique et caritatif des Frères musulmans probablement au printemps 197819. Les activités du groupe se déclinent autour de projets religieux et dans une intense action sociale et communautaire. Au milieu des années 1980, les Frères musulmans palestiniens évoluent sous l’influence d’Ahmed Yassine. Ce dernier prône l’action armée contre « l’occupant hébreu ». Il est emprisonné par l’État israélien en 1989 pour meurtre et incitation à la violence, puis relâché au cours d’un échange de prisonniers.

Les premières actions armées du Hamas commencent au début de la première Intifada. Dans un premier temps, il s’attaque à des Palestiniens mis en cause[Par qui ?][En quoi ?], puis, par la suite, aux militaires israéliens et, enfin, aux civils israéliens. Le Hamas évolue vers un mouvement politique radical et organise des actions armées et violentes.

Le rôle du Hamas est éclipsé en 1989, notamment lorsque son fondateur, Ahmed Yassine, fut emprisonné en Israël.

Cependant depuis le début des années 1990 le Hamas est largement financé par l’Iran20.

De 1994 à 2004

Le Hamas rejette les accords d’Oslo de novembre 1993 signés entre Israël et l’Autorité palestinienne. Toutefois, dans le même temps, Ahmed Yassine propose une hudna (trêve — en référence à la loi islamique qui permet une trêve conditionnelle limitée à 10 ans maximum avec des non-musulmans) si Israël accepte de se retirer des territoires occupés. Mohamed Nazzal, représentant de Hamas en Jordanie souligne que la trêve avec l’ennemi est « un principe sanctionné par la loi islamique, dépendant des circonstances et de l’accord unanime de la direction ». Cela, poursuit-il, ne suppose « ni acceptation de la paix ni reconnaissance du droit des Juifs en Palestine »21.

Le 16 avril 1993, le Hamas revendique son premier attentat-suicide22, perpétré contre un bus à Mehola Junction, une aire d’autoroute dans la Vallée du Jourdain. Puis, le6 avril 1994, le même type d’action est pour la première fois accomplie sur le sol israélien à Afoula affirmant vouloir « venger les martyrs » du caveau des Patriarches de Hébron, tués lors du massacre d’Hébron par Baruch Goldstein23. Un autre attentat-suicide a lieu le 13 avril 199423, suivi par sept attaques suicides d’octobre 1994 à août 1995, dont quatre sont revendiquées par le Hamas et trois par le Djihad islamique23. Le Hamas cesse alors ses attentats-suicides, qui reprennent en réaction à l’assassinat de Yahia Ayache24, en janvier 1996, ordonné par le Premier ministre israélien Shimon Pérès : trois24 ou quatre23 attentats-suicides sont ainsi organisés par le Hamas de février à mars 199623 (Sprinzak affirme qu’un des quatre fut revendiqué par le Djihad islamique et non par le Hamas24). Trois autres attentats-suicides sont organisés de mars à septembre 199723, puis un autre, isolé, le 29 octobre 1998 à Gaza23.

Les familles des kamikazes sont financièrement soutenues par l’organisation25.

Selon Anthony Cordesman, analyste au Center for Strategic & International Studies à Washington et ex-conseiller à la sécurité nationale du sénateur John McCain, « Israël a aidé directement le Hamas car les israéliens voulaient l’utiliser comme un contre-pouvoir au Fatah26 ». Israël a assassiné des leaders du Fatah, forçant la direction de ce mouvement de déplacer sa direction à Beyrouth au Liban, et les a ensuite chassé en Tunisie, laissant ainsi le champ libre au Hamas. La CIA a participé à cet effort, lequel correspondait à sa large approche de soutien et d’armement de groupes fondamentalistes islamiques pour combattre l’Union soviétique en Afghanistan et ailleurs dans le monde, et dans ce cas pour miner le Fatah27.

Cependant si l’on suit d’autres sources, c’est exactement le contraire : depuis les années 1990 c’est l’OLP qui reçoit des financements des États-Unis et d’Israël pour l’aider à lutter contre le Hamas désormais largement financé par l’Iran28,

La thèse selon laquelle Israël aurait facilité l’existence du Hamas est qualifiée de rumeur absurde et explicitement démentie par Khaled Meshaal, premier dirigeant du Hamas : « ce bobard est véhiculé par des Arabes, des Arabes palestiniens. C’est une tentative de porter atteinte à l’image de notre mouvement. Pour nous, cette accusation est tellement ridicule que nous ne nous donnons même pas la peine de la démentir. C’est tellement illogique ! » … et voici son explication : « durant les années 1970, la principale force qui combattait contre Israël était le mouvement Fatah. Par conséquent, Israël concentrait sa répression militaire contre le Fatah et contre d’autres groupes, moins nombreux, de la résistance palestinienne, qui existaient alors. À l’époque, toutefois, le Hamas n’avait pas encore été réellement créé29. »

Le Hamas profite grandement de la Seconde Intifada pour rehausser son prestige à l’intérieur de la bande de Gaza et lance une nouvelle campagne d’attentats-suicides, rivalisant avec le Djihad islamique. Les deux organisations revendiquent ainsi simultanément l’attentat du 9 août 2001 de la pizzeria. En juin 2002, le Hamas revendique l’attentat de Patt Junction.

Le 22 juillet 2002Salah Shehadeh, l’un des principaux chefs des Brigades Izz al-Din al-Qassam, sa branche armée, est tué par une bombe d’une tonne larguée dans le cadre de la politique des assassinats ciblés d’Israël30. En raison des « dégâts collatéraux » (14 civils morts et 150 blessés), des procédures judiciaires, toujours en cours, sont enclenchées en Israël, la Cour suprême étant saisie de l’affaire, ainsi qu’en Espagne, en 2009, en vertu de la loi de compétence universelle30. Le Hamas, quant à lui, riposte par l’attentat du 31 juillet 2002 à l’Université hébraïque de Jérusalem, qui fait neuf morts (dont un étudiant français).

À partir de 2004

Le chef historique du mouvement, Ahmed Yassine, est tué31 lors d’une attaque ciblée de l’armée israélienne le 22 mars 2004, sur ordre d’Ariel Sharon. Son successeur Abdel Aziz al-Rantissi est également assassiné quelques jours après sa désignation. Le changement de direction à la tête du Hamas entraîne un changement de stratégie du mouvement qui commence à s’impliquer davantage dans la vie politique. Des représentants du Hamas se présentent aux élections municipales palestiniennes de 2005. Le succès aux municipales fait alors apparaître le Hamas comme une opposition importante face au Fatah, un an avant les législatives prévues pour janvier 2006.

Il observe dans le même temps une tahdiya (accalmie au sens littéral, un amoindrissement des hostilités) dans les attentats depuis l’attaque dans la ville de Beer Sheva enaoût 2004 (15 morts et 125 blessés), mais a cependant lancé une attaque au même arrêt d’autobus en août 2005 (7 blessés). Il a également revendiqué les tirs de roquettes effectués depuis la Bande de Gaza. Selon les Israéliens, 2 990 attaques ont été menées contre Israël en 200532.

En tant que parti religieux, il est opposé au partage de son territoire avec Israël et a dénoncé les accords d’Oslo vus comme une trahison de la volonté du peuple, l’ouverture d’un processus de paix ayant échoué. Cependant, en 2003, le Hamas évoquait la possibilité d’une hudna (trêve temporaire mais totale) après le rétablissement des frontières de 1967 ; c’est ce que Ahmed Yassine expliquait en mai 200333 :

« Une trêve ne me pose aucun problème. C’est possible si Israël accepte l’évacuation des zones occupées depuis 1967, l’établissement d’un État palestinien sur Gaza et la Cisjordanie, avec Jérusalem comme capitale. »

Il faut néanmoins noter que la trêve envisagée dans cet article n’est que temporaire et que le principe de non reconnaissance de l’État d’Israël revendiqué dans la charte du Hamas n’a jamais été remis en cause34.

De plus, si en 2006 Khaled Meshaal, le principal responsable du Hamas, déclarait : « Je pense que le monde occidental doit avoir compris, aujourd’hui, que le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël. », il le nuançait ainsi « nous acceptons aujourd’hui d’édifier un État palestinien à l’intérieur des frontières de 1967. Mais cela ne signifie nullement que nous reconnaissions Israël. Mais nous sommes prêts à conclure une trêve sur le long terme avec lui. En acceptant le statut d’Israël, sans pour autant le reconnaître29 ». À plusieurs reprises le même précisait que les Palestiniens veulent qu’Israël reconnaisse un État palestinien sur les frontières de 67, mais sans qu’eux-mêmes ne reconnaissent Israël et sans accord de paix qui établirait les frontières entre les deux États -Israël et Palestine. Le Hamas propose et respecte une trêve : suspension provisoire des hostilités. La position d’Israël est inverse : Israël ne veut pas d’une trêve limitée dans le temps, mais d’un traité de paix définitif entre deux États, établissant des frontières définitives et que, en préalable, les Palestiniens reconnaissent l’existence de l’État d’Israël, sur la base de quoi les autres points et revendications palestiniennes doivent et peuvent être négociés ensuite35.

Élections législatives de 2006

Le 26 janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes. Il obtient 56 % des suffrages, ce qui lui donne une majorité parlementaire de 74 sièges sur 13236. Le Hamas ravit ainsi la majorité au Fatah. Cette victoire du Hamas a été possible dans la mesure où ses dirigeants ne sont pas soupçonnés de corruption mais aussi à cause de ses actions sociales et caritatives sur le terrain, qu’il dirige en particulier vers les enfants et les pauvres37.

Le président de l’Autorité palestinienneMahmoud Abbas, invite le Hamas à former le nouveau gouvernement38.

Ce résultat est perçu comme un net retour en arrière par les gouvernements étrangers qui jouaient le rôle de médiateurs pour le conflit israélo-palestinien. Les États-Unis ont déclaré qu’ils ne traiteraient pas avec le Hamas tant qu’il ne renoncera pas aux opérations-kamikazes et seulement lorsqu’il acceptera le droit à l’existence pour Israël, ce qui est en contradiction avec la charte actuelle du mouvement. Dans le même temps, le président israélien Moshe Katsav et l’ancien Premier ministre Shimon Peres ont tous deux déclaré que si le Hamas reconnaissait l’existence d’Israël et abandonnait le terrorisme, Israël négocierait avec ce mouvement.

Pendant la durée de la campagne législative palestinienne, il n’a pas été fait mention d’un objectif de destruction d’Israël39, plusieurs commentateurs et médias israéliens précisent néanmoins que ses dirigeants ne renoncent pas explicitement à cet objectif40.

Pendant cette campagne, le Hamas a soutenu également la légitimité de son action passée, notamment les attaques menées en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, qui ont permis l’évacuation de la bande de Gaza. Ainsi, il a placé sur ses listes des personnes comme Mariam Farahat, mère de martyres et qui a participé à leur action41.

En février 2006, Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, réitère la proposition de Hudna et de mettre fin à la lutte armée si Israël se retire de tous les territoires occupés et reconnaît les droits du peuple palestinien42. Le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, exclut pour sa part toute négociation avec le Hamas : « Nous ne négocierons pas et nous ne traiterons pas avec une Autorité palestinienne dominée totalement ou partiellement par une organisation terroriste armée appelant à la destruction de l’État d’Israël43 ».

L’objectif du Hamas est l’établissement d’un État souverain sur le territoire actuellement constitué de Jérusalem-Est, la Bande de Gaza et la Cisjordanie (d’après les frontières d’avant 1967)44. Dans l’accomplissement de ce but, le Hamas soutient son droit à la lutte armée. Selon certains médias45Abdel Aziz al-Rantissi, l’un des cofondateurs du Hamas, assassiné par Israël comme son prédécesseur Ahmed Yassine, a affirmé que le but de l’organisation était d’« effacer Israël de la carte ». Toutefois, ces affirmations en contredisent d’autres, et on se référera à la section sur l’idélologie du Hamas et à la Charte du Hamas pour y voir plus clair.

Exercice du pouvoir

Ismaïl Haniyeh est désigné par le Hamas pour former un nouveau cabinet de l’Autorité palestinienne.

Élections législatives et présidentielle de 2006-2007

Depuis l’élection ayant porté au pouvoir le Hamas, c’est la crise en Palestine : fin des subventions internationales, de nombreuses attaques de la part d’Israël et, plus récemment, des attaques bilatérales entre les deux principales factions palestiniennes, soit le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas du premier ministre Ismaïl Haniyeh. Constatant l’échec des négociations Fatah-Hamas, le président Abbas menace à la mi-décembre de déclencher des élections législatives anticipées, bravant ainsi la Loi fondamentale (Constitution palestinienne) qui n’accorde qu’au Conseil législatif cette prérogative. Le Hamas rejette la décision d’appeler à de nouvelles élections législatives (ce qui n’est en effet pas dans les prérogatives du chef de l’Autorité palestinienne)[réf. nécessaire]. Quoi qu’il en soit, Abbas n’a toujours pas agi dans ce sens et les négociations ont abouti à unAccord sur un gouvernement d’union nationale palestinien entre Hamas et Fatah.

Prise du pouvoir dans la bande de Gaza

Article détaillé : Conflit Fatah-Hamas.

Malgré cet accord, Mohammad Dahlan, chef de la Sécurité intérieure (membre du Fatah), accentue les tensions et les amplifie pour leur faire atteindre leur paroxysme enjuin 2007. Ainsi, le 15 juin 2007, à la suite de ce qui s’apparente à une guerre civile entre le Hamas et le Fatah, qui occasionnera 113 morts, les forces de sécurité prennent le contrôle de la bande de Gaza, évinçant totalement le Fatah du territoire.

Cette confrontation débouche sur des affrontement violents. Plus de 600 Palestiniens ont été tués dans les combats à Gaza de janvier 2006 à mai 200746.

En conséquence le 17 juin, le président Mahmoud Abbas limoge Ismaïl Haniyeh de son poste de Premier ministre, nommant à sa place le ministre des Finances Salam Fayyad. Ce nouveau gouvernement siégeant à Ramallah et contrôlant la Cisjordanie n’est pas reconnu par le Hamas, car la Loi fondamentale impose au président en cas de limogeage du Premier ministre, de le remplacer par un membre de la majorité parlementaire, à savoir le Hamas, or le parti de Salam Fayyad n’a obtenu que 2 % de suffrage aux législatives contre 56 % pour le Hamas, ce qui mène à la scission de fait des Territoires palestiniens en deux entités distinctes.

À la suite de ces événements, des divergences apparaissent au sein du Fatah, resté au pouvoir en Cisjordanie quant à l’attitude à adopter. Abbas refuse catégoriquement tout « dialogue avec les putschistes, les assassins, les terroristes », qualifiant la prise de contrôle du Hamas de « plan pour diviser Gaza et la Cisjordanie et établir un Émirat, un mini-État, contrôlé par un seul groupe, ses fanatiques et ses fondamentalistes ». D’autres, tel Marouan Barghouti, critiquent fermement le coup de force du Hamas à Gaza, tentant cependant de conserver l’objectif de l’unité des Palestiniens47.

L’Opération Plomb durci

Alors qu’une trêve entre le Hamas et Israël a été décrétée le 16 juin 2008 pour une durée de six mois reconductible, Israël procède à plusieurs incursions en justifiant ces dernières par la présence de combattants à sa frontière avec Gaza.

Khaled Mechaal, en exil à Damas, a déclaré : « Sachant que l’ennemi ne respecte pas ses engagements et que le siège (de Gaza) est toujours en place contre notre peuple, pour le Hamas, et je pense la majorité des forces, la trêve prend fin après le 19 décembre et ne sera pas renouvelée »48.

Le 4 novembre 2008, la trêve est définitivement rompue après une attaque aérienne israélienne sur la bande de Gaza tuant 7 militants du Hamas. Le mouvement islamiste répond à son tour en tirant des roquettes artisanales sur le sud d’Israël49.

Ainsi, plus de 80 roquettes et tirs de mortiers touchent, le 24 décembre 2008, des villes israéliennes voisines de la bande de Gaza.

Israël invoque alors la légitime défense face aux tirs de roquettes du Hamas et menace d’une offensive terrestre pour cesser les tirs de roquettes50.

Le samedi 27 décembre 2008 à 11 h 30 du matin UTC+2 (9 h 30 du matin UTC), Israël débute l’opération Plomb durci, caractérisée par des raids et bombardements aériens, et poursuivie par une offensive terrestre lancée le 3 janvier 2009.

Article détaillé : Guerre de Gaza 2008-2009.

Accords de réconciliation (2011 et 2012)

Le 27 avril 2011, le Fatah et le Hamas concluent un accord de réconciliation en vue des élections générales prévues dans l’année. Toutefois cet accord comme les précédents n’a pas abouti concrètement, un protocole signé en mai 2011 au Caire, prévoyait « la formation d’un gouvernement transitoire d’indépendants pour préparer les élections » mais le Hamas a rejeté le Premier ministre désigné par Mahmoud Abbas. Afin de résoudre le conflit, le président palestinien a proposé en février 2012 à Doha d’occuper aussi cette fonction. Cette proposition a été acceptée par Khaled Mechaal mais elle a été refusée par une partie des dirigeants islamistes de Gaza qui sont en désaccord avec la stratégie de Mechaal, dirigeant en exil à Damas. Ils lui reprochent de s’être prononcé « pour un État palestinien à côté – et non à la place – d’Israël et de préférer désormais la “résistance populaire pacifique” à la lutte armée ». En réaction, Ismaïl Haniyeh a affirmé à Téhéran, que « le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël ».

Confrontations entre le Hamas et Israël en 2012

Article détaillé : Confrontation entre Israël et la bande de Gaza en 2012.

En 2012 se sont déroulées une succession d’attaques et de représailles entre le Hamas, le Jihad islamique, les Comités de résistance populaire et diverses factions salafistes et de la mouvance Al-Qaïda de la bande de Gaza et l’Armée de défense d’Israël.

Opération Pilier de défense

Article détaillé : Opération Pilier de défense.

L’opération Colonne de Nuée, est une opération militaire menée par l’Armée de défense d’Israël dans la bande de Gaza qui a commencé le 14 novembre 2012 en réponse aux attaques frontalières contre des soldats israéliens et aux tirs de roquettes et de missiles du Hamas et les autres organisations islamistes palestiniennes de la bande de Gaza contre le sud israélien. Cette opération a débuté par un tir d’un missile de l’armée de l’air israélienne sur la voiture d’Ahmed Jaabari, le chef militaire du Hamas alors qu’il circulait dans l’une des artères principales de la ville de Gaza. Il est tué sur le coup avec l’un de ses fils. Parallèlement, des rampes de lancement souterraines de missiles Fajr 5 d’origine iranienne d’une portée d’environ 75 km pouvant atteindre la (métropole de Tel-Aviv), Gush Dan, qui compte 3,2 millions d’habitants sont ciblées par des frappes aériennes. L’armée israélienne annonce avoir détruit la quasi-totalité de ces missiles51,52,53.

Stratégie du Hamas lors de ces confrontations

En décembre 2012, Khaled Méchaal a reconnu lors d’un discours à Gaza que la stratégie du Hamas consistait à faire « parfois une trêve, parfois une escalade sous des formes variées, parfois tirer des roquettes, parfois non »54. Il a aussi déclaré que « les combattants de Gaza avaient détruits la maison d’Ehud Barak » durant l’Opération Pilier de défense. Aucune roquette n’est tombée sur Tel-Aviv où réside le ministre de la Défense israélien. Les trois roquettes qui visaient la métropole israélienne ont été interceptées par le système de défense anti-missile israélien Iron Dome55.

Réconciliation et gouvernement d’union nationale

En avril 2014, le Hamas et le Fatah annoncent leur volonté de réconciliation et la formation prochaine d’un gouvernement d’union nationale56. En juin 2014, le Hamas et le Fatah forment un « gouvernement de consensus » qui met fin à 7 ans de dissensions entre les deux factions rivales. L’administration américaine, bien que catégorisant toujours le Hamas parmi les organisations terroristes, ne condamne pas le rapprochement et décide de le juger sur les faits. Benyamin Nétanyahou de son côté prie la communauté internationale de « ne pas se précipiter pour reconnaître un gouvernement palestinien dont le Hamas est membre à part entière »57 et décide de boycotter le gouvernement nouvellement formé58.

Le 20 juin 2014, le Hamas a fustigé Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, pour sa coopération sécuritaire avec les forces de sécurité israéliennes suite à l’enlèvement de trois adolescents israéliens le 12 juin 2014 dont Israël tient le Hamas pour responsable. Un porte-parole du Hamas a qualifié cette coopération de « crime et de violation de l’accord de réconciliation » soulignant qu’elle était « punissable selon la loi »

 

 

Entre avril et octobre 2013, parallèlement aux querelles internes entre Al Zawahiri, leader de Al Qaeda, Abu Bakr al-Baghdadi, leader de la branche irakienne d’Al Qaeda et Abu Mohammed al-Joulani, leader du front Al Nousra regroupant des opposants à Bashar El Assad en Syrie, EIIL recrute intensément parmi les rang des rebelles syriens.

 

Entre sa scission avec Al Qaeda and février 2014 et le kidnapping des 3 adolescents israéliens en juin 2014, les conquêtes réalisées par EIIL, quoique qu’inquiétantes, restaient dans les limites de l’instabilité chronique de la région. Parallèlement, la guerre d’attrition entre le Hamas et Israël continuait a l’accoutumée, le Hamas lançant ci et là des roquettes sur le Sud d’Israël, et Israël effectuant des ripostes limitées, une situation de guerre larvée qui équivaut dans la région a une période de paix relative.

 

Le 12 juin, 3 adolescents israéliens sont kidnappes ce qui donne lieu à de massives opérations de recherches israélienne en Cisjordanie, et à l’arrestation de dizaines de suspects dont de nombreux affilies du Hamas et des prisonniers relâchés dans le cadre de libération de Gilad Shalit.

Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas à l’étranger, récemment exilé de Damas au Qatar salue le kidnapping, mais se montre ambigu quant à l’implication d’éventuels membres du Hamas.

 

Le même jour EIIL ordonne à ses troupes de marcher sur Bagdad, mais est chasse de la première page des journaux par le kidnapping en Israël.

 

Le 30 juin, premier jour de Ramadan, EIIL déclaré la naissance du Califat Islamique dans les territoires conquis et ordonne à tous les musulmans de leur faire allégeance.

 

Depuis le début du millénaire, le Hamas lance des roquettes à destination d’Israël sans que ces roquettes, et plus tard, missiles, n’aient aucune valeur militaire. Or, le Hamas est loin d’être idiot, et ces roquettes et missiles sont couteux à fabriquer, et le blocus de Gaza rend l’obtention des matériaux difficile.

 

 

 

En 1993, le FBI a enregistré la conversation d’un groupe d’une douzaine de membres du Hamas et de Frères Musulmans au cours d’une réunion clandestine aux USA. Le but de cette réunion était de trouver le moyen de saborder les efforts de paix en Israël ayant mené aux Accords d’Oslo en Septembre 2013.

En 1994, les stratégies militaires du Hamas ont ajoute à leur arsenal d’attentats à la bombe, d’IED (improvised explosive device) et de jets de pierre les campagnes de erreur par attentats suicides.

 

Un autre groupe terroriste bien connu du grand public est le Hamas, directement lié aux frères musulmans et le déclarant ouvertement dans le paragraphe introductif de leur charte.

La mission explicite du Hamas telle que définie dans leur charte est la libération de la Palestine, leur rôle spécifique dans le programme d’établissement du califat. Cela étant, ce rôle s’inscrit dans une vision plus globale ainsi qu’il apparait à l’article 14 de leur charte :

La cause de la libération de la Palestine tient à trois cercles : le cercle palestinien, le cercle arabe et le cercle islamique. Chacun de ces trois cercles a un rôle propre à tenir dans la lutte avec le sionisme, chacun à des devoirs propres. […] Le jour où la cause sera appréhendée sur cette base par la mobilisation des ressources des trois cercles, ce jour-là la situation qui prévaut actuellement sera changée et le jour de la libération sera proche.

En d’autres termes, la mise en commun des ressources de ceux désirant l’établissement du Califat, qui, par définition, inclut l’élimination d’Israël en faveur de la Palestine, est une part intégrale de la charte du Hamas.

Voilà, nous avons maintenant établit le lien entre deux des acteurs islamistes principaux actifs sur la scène mondiale aujourd’hui. A première vue, ils opèrent indépendamment les uns des l’autre, mais une analyse du parallèle entre la montée fulgurante d’EI depuis juin 2013 et l’apparente stupidité du Hamas à déclencher une guerre perdue d’avance du point de vue militaire. La seule certitude en déclenchant cette guerre est la création de nombreux cadavres et de destruction massive. Un résultat à mettre en regard avec une des citations célèbres d’Hassan al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans : « La mort est un art. Le Coran a ordonné d’aimer la mort plus que la vie. La victoire ne peut venir que si l’on maîtrise l’arme de la mort ».

A partir du moment où l’on comprend que, pour les islamistes, la mort elle-même est une arme, on est mieux armé pour comprendre l’apparente folie des djihadistes de tout bord.

Al Shabbaab

 

 

 

Boko Haram

 

Le terme Boko Haram signifie “L’Education Occidentale est un Péché”. C’est le nom sous lequel le mouvement djihadiste sunnite Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad (Les Gens Dévoués à la Propagation des Enseignements du Prophète et au Djihad), sévissant principalement au Nigeria, est le plus connu.

Fondé en 2002 par Mohammed Yussuf , d’obédience salafiste et refusant le concept de la notodontidé de la terres et de l’évolution darwiniste, Boko Haram  est un mouvement islamiste djihadiste ayant tué environ 5000 personnes entre 2009 et 2014, dont 2000 pour la première moitié de 2014, et à la source du déplacement de 650 000  personnes .

Boko Haram est financé par Al Qaeda du Maghreb Islamique est poursuit des campagnes djihadistes principalement dans le Nord et le centre du Nigeria. Les exactions de Boko Haram incluent : incendier des écoles, y compris les élèves et le corps professoral, les razzias de villages, y compris l’enlèvement des femmes et filles qui seront converties et mariées de force aux membres de Boko Haram, les massacres de chrétiens et de musulmans commettant des actes considérés comme non-islamiques tels que la consommation d’alcool par exemple.

Sous Mohammed Yussuf, les agissements de Boko Haram étaient relativement pacifiques, mais inquiétaient les autorités nigériennes, informées de la radicalisation croissante du mouvement et de leur acquisition d’armes. En 2009, les autorités nigériennes lancent l’opération Flush, destinée à éradiquer Boko Haram . Plusieurs centaines de militants de Boko Haram sont éliminés, au cout de la destruction de nombreux édifices gouvernementaux nigériens tels que postes de polices, prisons, bureaux administratifs, écoles ainsi que d’églises.  Mohammed Yussuf est arrêté et meurt en tentant de s’évader de prison.

En 2010, le Nigeria respire et pense avoir effectivement détruit Boko Haram.

Mais le lieutenant de Mohammed Yussuf, Abubakar Shekau, présumé mort au cours de l’opération flush, resurgit un peu plus tard et entame une série d’attentats terroristes de plus en plus sophistiquées, y compris l’attentat d’Abuja contre les bureaux de l’ONU qui fit 23 morts, dont 11 membres de l’ONU et une centaine de blessés.

En 2013, les actions de Boko Haram se multiplient, ainsi que le nombre de victimes. Les principales cibles sont les écoles, les chrétiens et les forces de polices nigériennes. Outre le support financier présumé d’Al Qaeda du Maghreb Islamique, Boko Haram récolte des fonds par extorsion, rançons, trafic de drogue.

En été 2014, les tactiques de Boko Haram évoluent et ils se mettent à faire sauter des ponts dans l’Etat nigérien de Borno et saisissent plusieurs villes. En aout 2014, après la conquête des villes frontalières avec le Cameroun Gwoza, Gamboru Ngala et Banki, Boko Haram suit l’exemple d’EIIL et déclare la création d’un califat islamique sur les territoires conquis.

Ce dernier développement indique un changement stratégique significatif ainsi qu’un glissement d’alliance de Boko Haram de Al Qaeda du Maghreb vers EIIL. Il est possible que ce glissement reflète un soutien pratique, stratégique, et/ou financier de la part d’EIIL.

L’état de déliquescence de l’armée nigériennes, résultant de la corruption endémique au Nigeria et du détournement des fonds destines à améliorer l’infrastructure militaire augure mal de la capacité de l’armée à endiguer Boko Haram. Mal équipés et mal encadrés, les soldats sont terrifiés et hésitent à engager le combat.

 

 

 

 

1.       Qu’est-ce que la Taqiyya

 

Cependant, la taqiyya est considérée par des mouvements islamistes tels que le Hamas et l’EI comme permettant le mensonge, la dissimulation et la manipulation, et autorise les musulmans à ne pas respecter les traités si il s’avère qu’ils sont désavantageux pour l’Islam. Cet aspect de la charia est basé sur certains hadiths canoniques tels que celui-ci : « Si vous prêtez un jour serment de faire quelque chose et découvrez par la suite que quelque chose d’autre est mieux, alors dénoncez votre serment et faites ce qui est mieux13 ».

Dans son livre Terroristes, les 7 piliers de la déraison, le juge d’instruction au Pôle anti-terrorisme Marc Trévidic écrit qu’une forme de taqiyya, art de la dissimulation, est enseignée comme un art de la guerre dans les camps d’entraînement terroristes de djihadistes.

Originellement, la taqiyya est une pratique qui consiste à dissimuler son appartenance à un groupe religieux et à pratiquer en secret sa religion dans le but spécifique d’échapper à des persécutions. La dissimulation peut être passive (en se cachant), ou aller jusqu’au stade actif (allant jusqu’à feindre les us et coutumes religieuses des adversaires quand la vie est menacée de façon non équivoque ou quand la torture est utilisée comme moyen de persécution).

La Taqiyya est une part intégrale de la tactique utilisée pour favoriser l’établissement du califat. Sous sa forme pacifique, elle consiste en une immigration massive en territoire occidental, sous couvert de migration économique. Cependant, elle peut prendre une forme aigue et meurtrière par la manufacture de cadavres pour détourner l’opinion publique occidentale de conquêtes territoriale assortie de massacres dans une autre région du Moyen-Orient.

Penchons-nous de plus près sur l’exégèse de la Taqiya et sur quelques exemples de son utlisation.

Comme la plupart des religions, l’Islam, en général, interdit le mensonge.  Le Coran dit :  «Dieu ne dirige pas les transgresseurs et les menteurs» (Sourate 40, Verset 29).  Dans le Hadith, on trouve la citation de Muhammad :  «Soyez honnêtes parce que l’honnêteté conduit à la bonté et la bonté conduit au Paradis.  Méfiez-vous de la fausseté parce qu’elle conduit à l’immoralité et l’immoralité conduit à l’enfer.»

Cependant, à l’opposé de la plupart des religions, il y a certains cas, dans la religion musulmane, dans lesquels le mensonge est non seulement toléré, mais, en fait, recommandé.  Le livre de l’érudit musulman Afif A. Tabbarah intitulé «L’Esprit de l’Islam» a pour but de promouvoir cette religion.  Il y déclare :  «mentir n’est pas toujours une mauvaise chose, bien sûr ; il y a des occasions dans lesquelles dire un mensonge est plus profitable, meilleur pour le bien-être général et pour la réconciliation entre les gens que dire la vérité.  C’est pour ça que le Prophète dit que celui qui (à l’aide du mensonge) amène les gens à la réconciliation, fait le bien ou dit une bonne parole, n’est pas coupable de fausseté.»

Pour explorer cette duplicité troublante dans la religion musulmane, nous examinerons d’abord quelques exemples de l’histoire récente aussi bien qu’ancienne.  Ces exemples montrent que le mensonge est une tactique commune parmi les membres du clergé et les hommes d’État musulmans.

En Juin 1967, la défaite de l’Égypte lors de la guerre des 6 jours lui coutât la péninsule du Sinaï.  Après cela, le but essentiel de l’Égypte devint de regagner le territoire perdu.  Le Président Nasser, et son successeur le Président Sadate, adoptèrent le slogan : « aucune voix ne s’élèvera au-dessus de la voix de la Bataille ».  Entre 1967 et 1972, les soldats mobilises pour la guerre des 6 jours sont maintenus en d’alerte dans l’armée en prévision d’une « bataille » proche. Mais cette bataille ne vient jamais, et les Egyptiens s’impatientent de cet état de ni paix ni guerre.   Lorsqu’enfin, en 1972, Sadate déclare solennellement que 1 72 sera l’année de la Bataille tant attendue.  Tout au long de l’année, il répéte à l’envi et à qui veut l’entendre, y compris les Israéliens : « Je vous jure sur mon honneur que cette année ne passera pas sans que nous déclenchions la Bataille ».

Sadate ayant mis en jeu sa parole, sa réputation et son honneur, nul ne s’attendait à ce que l’année se passe sans coup férir. Beaucoup donc, à l’intérieur de l’Égypte comme à l’étranger, commencèrent à le traiter de bluffeur.  Opinion confirmée d’ailleurs par ce qui se passa l’année d’après, en 1973 où il ne fit aucune mention de son serment sur la Bataille.  De nombreux conscrits furent renvoyés chez eux et beaucoup d’officiers obtinrent des permissions.  C’est alors que, sans avertissement, en octobre 73, Sadat lança l’attaque et ce fut le début de la guerre du Yom Kippour.

En tant que chef militaire, Sadat était censé user de surprise pour duper l’ennemi.  En tant que Musulman pieux, il n’avait pas à se préoccuper d’un serment non tenu.  Il comprenait que l’histoire et l’enseignement de l’Islam l’exemptaient de toute responsabilité spirituelle quand il basait une manœuvre de stratégie militaire sur des mensonges.

 

On trouve la preuve de cela dans beaucoup d’exemples tirés de la vie même de Mahomet. Souvent il mentit et ordonna à ses adhérents d’en faire de même.  Les chances de succès des missions ayant pour but de répandre l’influence de l’Islam annulaient, à son avis, le commandement initial d’Allah contre le mensonge.  Un bon exemple de mensonge approuvé par Mahomet est fourni par le récit de l’assassinat de Kaab Ibn al-Ashraf, membre de la tribu juive des Banu al-Nudair.  Il lui avait été rapporté que Kaab s’était montré favorable aux Kusaishites lors de la bataille que ceux-ci avaient montée contre lui.  De plus (et ceci le rendit encore plus furieux), on disait que Kaab avait récité des poèmes d’amour à des femmes musulmanes.  Mahomet demanda donc des volontaires des volontaires qui le debarrasseraient de Kaab Ibn al-Ashraf.  Selon lui, Kaab avait « nui à Allah et à son Apôtre ».  À l’époque, Kaab Ibn al-Ashraf et sa tribu étaient puissants et il n’était donc pas façile pour un inconnu de s’infiltrer et d’exécuter cette tâche.  Un Musulman nommé Ibn Muslima se porta volontaire pour ce projet meurtrier à condition que Mahomet lui permette de mentir.  Avec le consentiment de celui-ci donc, Ibn Muslima alla trouver Kaab et lui raconta des histoires, prétendant avoir du ressentiment contre Mahomet.  Une fois qu’il eut gagné la confiance de Kaab, il l’invita un soir, par la ruse, à quitter sa maison et, dans un endroit sombre et désert, le tua.

Le récit du meurtre de Shaaban Ibn Khalid al-Hazly offre un exemple semblable.  On disait que Shaaban était en train de monter une armée pour combattre Mahomet.  En représailles, celui-ci ordonna à Abdullah Ibn Anis de tuer Shabaan.  Encore une fois, le futur assassin demanda au prophète la permission de mentir.  Celui-ci donna son accord et commanda au meurtrier de prétendre qu’il faisait partie du clan des Khazaa.  Quand Shaaban vit arriver Abdullah, il lui demanda : « de quelle tribu es-tu ? »  Abdullah répondit « celle des Khazaa ».  Il ajouta alors : « j’ai entendu dire que tu es en train de lever une armée pour combattre Mahomet et je suis venu vous joindre. »  Abdullah commença à se promener avec Shaaban, lui racontant que Mahomet prêchait l’hérésie, critiquait les patriarches arabes et détruisait leur espoir.  Tout en continuant à parler, ils arrivèrent à la tente de Shaaban.  Les compagnons de celui-ci s’éloignèrent et Shaaban invita Abdullah à venir se reposer à l’intérieur.  Quand tout devint silencieux et qu’il sentit que tout le monde dormait, celui-ci trancha la tête de Shaaban et la porta en trophée à Mahomet.  Quand il aperçut Abdullah, Mahomet s’écria en jubilant :  « Ton visage a triomphé (aflaha al-wajho) ». Abdullah retourna son salut en disant :  « C’est ton visage, apôtre d’Allah, qui a triomphé (aflahawajhoka, yerasoul Allah) ».

 

Les conditions du mensonge dans la religion musulmane

 

La plupart des Musulmans connaissent les principes de l’Islam qui justifient le mensonge quand il leur paraît nécessaire.  Parmi ceux-ci, on trouve :

  • La guerre est une tromperie
  • La nécessité justifie ce qui est interdit
  • Entre deux maux, choisir le moindre

Ces principes dérivent de passages du Coran et du Hadith.

 

Dans le Coran, Allah est censé avoir dit :

 

« Il ne vous châtiera pas pour un serment inconsidéré, mais il vous châtiera si vous manquez à un engagement réfléchi.  L’infraction commise coûtera la nourriture de dix pauvres, nourriture de qualité moyenne et telle que vous la donnez à vos familles, ou bien leur vêtement, ou bien l’affranchissement d’un esclave.  Celui qui sera hors d’état de satisfaire à cette peine jeûnera trois jours.  Telle sera l’expiation de votre serment si vous avez juré.  Observez donc vos serments.  C’est ainsi que Dieu vous manifeste ses signes, afin que vous soyez reconnaissants. » (V, 91)

 

« Dieu ne vous punira point pour une parole inconsidérée dans vos serments, il vous punira pour les œuvres de vos cœurs.  Il est clément et miséricordieux. » (II, 225)

 

« Quiconque, après avoir cru, redevient infidèle (à moins qu’il ne soit pas contraint et que son cœur ne reste ferme dans la foi) ne sera point coupable ; mais la colère de Dieu s’appesantira sur celui qui ouvre son cœur pour l’infidélité, et un châtiment terrible l’attend. » (XVI, 109)

 

Le célèbre commentateur musulman, Al-Tabary explique que ce dernier verset a été révélé après que Mahomet ait appris qu’Ammar Ibn Yasser, kidnappé par la tribu des Banu Moghera, avait été forcé de renier sa foi en Mahomet.  Celui-ci le consola en lui disant « s’ils ont tourné, tu tournes » (explication :  s’ils te capturent de nouveau, il t’est permis de me renier de nouveau).

 

Ces passages du Coran et d’autres dans la même veine révèlent clairement que, pour le Musulman, le mensonge non-intentionnel est pardonnable et que même le mensonge intentionnel peut être absous si on exécute certaines pratiques supplémentaires.  Il est clair aussi qu’un Musulmant peut mentir sous serment et peut même renier sa foi en Allah pourvu que, dans son cœur, il maintienne sa profession de foi.

 

Dans le Hadith, Mahomet insiste sur les mêmes concepts.

 

Dans EhiaaOloum al-Din, par l,érudit musulman Al-Ghazali, vol.3, nous lisons (Vol. 3 ; p. 284-287) :

 

« Une des filles de Mahomet, UmmKalthoum, témoigne qu’elle n’a jamais entendu l’apôtre d’Allah approuver le mensonge, sauf dans les 3 situations suivantes :

1 – pour la réconciliation entre les individus

2 – en cas de guerre

3 – entre les époux, pour préserver la paix familiale

 

Dans un passage du Hadith, Mahomet déclare « les fils d’Adam doivent rendre compte de tous mensonges sauf ceux commis pour produire la réconciliation entre Musulmans. »

Dans un autre passage, on lit « Aba Kahl, obtient la réconciliation entre les gens. »  (Autrement dit, même par le mensonge)

La citation suivante prouve que le prophète permettait le mensonge dans des situations nombreuses et variées…  « Les fils d’Adam doivent rendre compte de tous leurs mensonges sauf dans ces cas-ci :  pendant la guerre (parce que la guerre est une tromperie), quand il s’agit de faire la paix entre deux hommes qui se querellent, et quand un homme veut apaiser sa femme. »

 

Le principe d’Al-Takeyya

 

Le mot arabe « Takeyya » signifie « empêcher » ou « se protéger ».  Le principe d’Al Takeyya signifie qu’il est permis à un Musulman de mentir comme mesure préventive quand il prévoit l’avènement de quelque chose de nuisible, soit à lui-même soit à d’autres Musulmans.  Ce principe le rend libre de mentir dans les circonstances de vie ou de mort.  Il peut même renier sa foi, tant qu’il ne le fait pas du cœur.  Al Takeyya est basé sur le verset coranique suivant :

 

« Que les croyants ne prennent point pour alliés des infidèles plutôt que des croyants.  Ceux qui le feraient ne doivent rien espérer de la part de Dieu, à moins que vous n’ayez à craindre quelque chose de leur côté.  Dieu vous avertit de le craindre :  car c’est auprès de lui que vous retournerez. » (III, 27)

 

D’après ce verset donc, un Musulman peut prétendre être l’ami d’infidèles (ce qui est interdit par la doctrine islamique) et se montrer d’accord avec leur infidélité pour éviter que ceux-ci ne lui portent tort.  Il lui est aussi permis d’agir contrairement à sa foi (à l’exclusion du meurtre) s’il se trouve menacé.  Par exemple, les actions suivantes seraient acceptables :

 

  • Boire du vin, abandonner la prière, ne pas faire le Ramadan
  • Renoncer à sa foi en Allah
  • S’agenouiller devant un dieu autre qu’Allah
  • Prêter de faux serments

Les Implications du Principe d’Al Takeyya

Malheureusement, dans tout rapport avec des Musulmans, on doit se rappeler qu’ils peuvent faire des déclarations apparemment sincères tout en ayant en esprit un but complètement opposé.  Il est clair que l’Islam permet à ses adhérents de mentir en toutes circonstances où ils perçoivent un danger aussi bien pour eux-mêmes que pour leur religion.

En matière de politique internationale, la question se pose :  peut-on faire confiance aux nations islamiques et s’attendre à ce qu’elles soient fidèles aux traités signés avec des nations non-islamiques ?  Il est bien connu que la foi musulmane permet à ses adhérents d’accepter presque n’importe quoi lorsqu’ils sont faibles.  Une fois qu’ils ont regagné des forces, ils renient leurs promesses passées.

L’approbation du mensonge quand il a pour but de favoriser la cause de l’Islam est un principe qui a de graves conséquences quand on considère l’expansion de l’Islam en Occident.  Les activistes musulmans emploient des tactiques mensongères pour donner à l’Islam une apparence plus attrayante et donc plus à même d’amener à la conversion.  Ils évitent soigneusement, cachent, ou omettent de mentionner tout ce qui est négatif parmi les textes ou doctrines islamiques.

 

Un bon exemple de ce genre de tromperie, c’est que les activistes musulmans citent toujours les passages du Coran datant de la période où Mahomet exerçait son ministère à la Mecque.  Ces textes sont pacifiques et exemplifient la tolérance envers ceux qui n’adhèrent pas à l’Islam.  Ils sont pourtant tout à fait conscients du fait que la plupart de ces passages ont été abrogés (c’est-à-dire annulés et remplacés) par des passages reçus après l’émigration à Médine.  Les versets de remplacement reflètent les préjugés et l’intolérance et souscrivent à l’intolérance envers les incroyants.

En conclusion, il faut absolument comprendre que les dirigeants musulmans peuvent se servir de cette ambiguité dans leur religion pour se dégager en bonne conscience de toute promesse. Il est important aussi de savoir que ce qui est dit dans le but de propager l’Islam n’est pas toujours l’entière vérité. Quand on a affaire à des Musulmans, ce qui compte n’est pas ce qu’ils disent mais leurs intentions réelles, dans leurs cœurs mêmes.

Alors, comment la Taqiyya a-t-elle été utilisée par EI pour dissimuler aux yeux de l’occident la conquête, en moins de deux mois, de territoires de plus de 20 mille km2 d’une importance stratégique considérable, assortie du massacre sanguinaire de civils tant chrétiens que musulmans ? Comment ont-ils, et continuent-ils, à manufacturer le silence assourdissant de l’opinion publique occidentale.

 

 

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=GwqzmEwatyw AQI Irak 2011

Ad Remove Ads [X]
Skip to content